vendredi 22 février 2013

"Off" chétivement parlant






Dès lors qu’il s’agit de ‘lieux publics’, les acteurs, spectateurs, auteurs, techniciens, sont pris dans un imbroglio inextricable. Car tous nous retrouvons dans l’un de ces rôles, sans qu’il nous soit permis de nous en départir. Car comment nous considérer spectateurs alors que, techniciens, nous œuvrons à la réalisation de la « scène » ? Comment nous considérer auteurs tandis que la trame nous échappe sous les mots de l’acteur ? Comment nous considérer acteurs tandis que nous subissons le rôle-même qui nous est alloué ? Comment nous considérer techniciens tandis que nous sommes en train de réaliser les désidératas du réalisateur ? Comment nous considérer acteurs tandis que nous sommes le pantin du réalisateur ? Comment nous considérer réalisateur tandis que nous agissons en fonction du spectacle que nous percevons – même intérieurement ?

Nous sommes mouvants, sans cesse en déplacementS dans les « champs », sables écumeux qui nous déposons dans chaque champ, différemment. Fables nauséeuses qui corrompons le moindre espace-champ. Nous cheminons dans les carcans que nous nous donnons. Evoluons dans les évolutions que nous définissons sans cesse. Ne pas stagner. La stagnation est devenue inconcevable dans un monde en mouvement. Il nous faut nous mouvoir. Jusqu’à nous « mou voir » il n’y a pas une épaisse frontière, que nous franchissons allègrement. La frontière est d’ailleurs une « vérité historique » : en ceci qu’elle a toujours existé : en mouvement. 

Mais nous cherchons des repères… qui nous conviennent. Alors nous nous figeons : un espace et un temps qui nous arrangent. Pourvu que nous ayons la sensation de l’emprise sur eux. Une marge de pouvoir, même infime : nos domaines d’action. Nos phénomènes d’ « on ». Appartenir à une identité que nous ne parvenons à identifier. Nous reconnaître dans une entité « désentitée ». Un tout où nous serions une partie : rien. Un rien associé à un rien dans lequel nous nous reconnaissons. Le chaînon manquant : celui sans qui rien ne tiendrait : donc pas nous-mêmes – riens. 

Il apparaît clairement dans les discours contemporains que nous sommes des individus divisibles, fractionnés en chiffres – au moins – qui construisons des frontières pour exister en tant qu’ « un ». L’« 1 » synonyme de quantité. D’appréhendable, de « donnéable ». Celui à partir duquel nous allons pouvoir construire LA Statistique, la matrice à travers laquelle nous pourrons nous appréhender, humain, défini, « objectivement parlant ».

lundi 7 janvier 2013

Hydrique Incantation





Un océan d’arbres inondait le paysage.
Noyé par les feuilles,
Il en émergeait une phonation mélodieuse.
L’onde sonore flottait parmi les airs,
Plongeant l’assemblée dans une multitude bruissante.
L’assemblée, aspergée de musique,
Se délectait d’un humide instant de douceur,
Nageant au sein des cantiques originels.
Le chamane ruisselant entraînait les siens
Dans une transe hydrocéphale.
Le peuple embarqué
Suivait le cours mystérieux de la séance….
Puis un lourd silence trempa l’atmosphère…
Des yeux en larmes fixaient le commun néant.
La pluie s’abattit alors,
Mouillant de vœux les assoiffés.
Buvant au ciel,
Ils s’abreuvaient de la prescience d’un lendemain.

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Unissant l’homme à la feuille,
Le serpent au tronc
Et la fourmi à la racine,
Il établit la connaissance. 


mercredi 2 janvier 2013

Mort-moi





Pile : Louis Dorota a tout pour être heureux.
Côté cœur, une ravissante femme : Christelle.
Côté boulot, il vient d’être nommé cadre.

Face : Louis Dorota a tout pour devenir fou.
Côté cœur, une fille superficielle, toujours absente.
Côté boulot, les responsabilités l’écrasent.

Est-ce une vie ? Trouver une solution, relâcher la pression… Vite !

Un trop plein de pulsions, de désirs longtemps inassouvis… Cela ne risque-t-il pas de mener à l’irréparable ? Peut-on vivre à sang à l’heure ?


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jeudi 13 décembre 2012

Nous ass seoir




J’aimerais tout arrêter, tout arrêter…
Elle est partie, elle est partie…
Mon feu, ma glace,
Mon feu, ma glace…
Elle est partie, tout avec elle.
Mon je, ma place,
Mon jeu, ma grasse.
Elle est partie.
Et je laisse place à mon je.
Et je laisse place à mon feu.
Elle est partie, ses sarcasmes et ses miasmes.
Elle est partie, ectoplasmes et ses phasmes.
Non, je n’étais pas dupe, non je n’étais pas pute.
Non, elle n’était pas pute, non, elle n’était pas dupe.
Mais nous, dans ce dé-corps sans cœur, qu’avions-nous à y faire ?
Mais nous, sans nous, en nos fors, n’étions que paires. A briser.
Exploser, exposer, en moitiés.
Pauvre nous, Pauvres nous.
Qu’étions-nous, et même, quêtions-nous ?
Nos mains à frange,
Nos mains à mange.
N’étions-nous que j’erre ?
N’étions-nous que vers ?
Je ne peux te croire, comme tu ne l’as pas fait.
A raison, très chair.
Je ne peux te croire et tu ne l’as pas fait.
Tu as raison, et moi le vers.
Vas, vas et deviens
Je vais, vais vain.
Mène ton je sans dé.
Puisqu’ « il le faut ».
Je mènerai mon dé sans je.
Puisque je est faux.
Il ne s’agit pas de victoire.
Il s’agit d’être et seoir.
Toi tu vas seoir, je vais m’asseoir.

lundi 4 juin 2012

Plumé







Prendre le stylo comme on prend le train
Voyager en entier
Flotter dans l’ersatz quotidien
Ne s’en extraire qu’au prix
Qui n’en est pas.
Se mouvoir dans l’immobile
Sentir le vent qui frotte
Laisser couler son substrat
Sur vierges effeuillées
Sa substance sur les rails
Déjà trop gorgés de gens
Se noyer dans un vers d’os
Avoir le vertige de son propre vide
Et y sombrer.